Article tiré du blog ''overblog'', publié le 24 Octobre 2010 par Perceval et présentant une thèse majeure de Dietrich Bonhoeffer (1906 -1945), pasteur et théologien protestant, opposant au régime nazi, exécuté par pendaison au camp de Flossenbürg. Dietrich Bonhoeffer, est un véritable 'témoin' du Christ, par ce qu'il a - au risque de sa vie qu'il a donnée - refusé toute compromission. Il affirme ne pas pouvoir appartenir à une Eglise qui accepte l'exclusion des juifs de la cité. Ce témoin du Christ, à l'écoute des 'non-croyants', en appelle à l'humanité de chacun, pour parler de Dieu sans religion.
croire ou pas - Page 5
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Un christianisme sans religion
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Evangile vs Eglise
Dans des notes précédentes il m'est arrivé d'évoquer la distorsion qui existe entre l'Eglise catholique romaine et l'Evangile. Je connais plusieurs personnes qui, en fonction de cette dichotomie, ont pris leurs distances avec l'Eglise de leur enfance. Certaines d'entre elles se sont ralliées au protestantisme réformé. J'en fais partie. Ils y ont trouvé un enracinement biblique solide, satisfaisant pour l'intelligence, scrutant les Ecritures suivant la méthode historico-critique, une vision positive de l'humanité prise dans toutes ses dimensions, intellectuelle et affective, physique et environnementale. Exit la défiance vis à vis de la sexualité, la frilosité - encore qu'avec une certaine prudence toutefois - vis à vis des questions sociétales qui émergent de nos jours : union entre personnes du même sexe, procréation médicalement assistée, et euthanasie entre autres. Le divorce est admis. L'eucharistie avec la sacralisation de l'hostie et du vin consacrés font place à la sainte cène repas fraternel et symbolique faisant mémoire du Seigneur Jésus. Exit donc la magie de la ''présence réelle'' et l'adoration révérencielle de l'hostie consacrée.
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Adélaïde et sa maman
Nous longeons le front de mer sur la promenade du Professeur Debeyre à Berck-sur-Mer. A hauteur de l'hôpital maritime nous nous recueillons brièvement devant une humble composition, croix, fleurs et peluches, en souvenir d'Adélaïde, cette petite fille métisse de 15 mois retrouvée noyée sur la plage un matin de novembre 2013. Plus loin, tout au bout de le promenade une modeste plaque souvenir sur la palissade en bois au pied de la grande croix qui domine la baie d'Authie, nouvelle pause émue. Nous nous souvenons de ce drame qui a marqué les esprits cinq années auparavant et nos réflexions s'enchaînent.
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Ad vitam aeternam...
Je suis rentré hier d'un séjour chez un de mes frères et sa famille dans la campagne normande. Bien entendu je n'avais pu emmener avec moi mon ordinateur, lourd et encombrant. Ne disposant pas d'un pc portable j'ai regretté de ne pas pouvoir, dans ce blog, faire mémoire du décès de ma Cécile tant aimée, intervenu il y a maintenant treize années, un 6 septembre. J'aurais aimé marquer ce jour par une réflexion sur l'au-revoir ému que je lui ai adressé en concluant mon récit de vie. Je lui avais donné rendez-vous par ces mots : ''ad vitam aeternam''. Est-ce à dire qu'il y a encore un an à pareille époque j'étais toujours convaincu de la réalité d'une survie après la mort, alors que dans ce blog, ouvert il y a trois mois, je me pose des questions à ce sujet ? ''Ad vitam aeternam'', est-ce une conviction ou simplement un vœu pieux que je formule, une espérance incertaine et vacillante ?
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A propos d'une démission
Dans une réflexion précédente ''Sommes-nous propriétaires ou gérants de nos biens'' J'ai déjà abordé la question du respect de notre planète. Aujourd'hui, la démission fracassante de Nicolas Hulot me donne l'occasion de revenir sur ce thème, commun à bien des religions et idéologies de par le monde. Un de mes fils rêve de s'installer à la campagne avec son compagnon pour y vivre au contact de la nature et en tirer ce qui leur faut pour subsister, rompant le plus possible avec l'économie capitaliste : retour à la mère nature comme à la fin des années soixante. Ils s'apprêtent à mettre en œuvre ce projet. Leur choix de vie m'interroge. Dans le cadre de ce blog destiné au questionnement de la foi chrétienne on peut se demander si elle a son mot à dire sur le rapport à la nature et la sauvegarde de notre planète.
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Folles de Dieu
J’ai rencontré la folie, je ne l’avais pas vue depuis ma mère, c’était des folles, elles étaient folles de Dieu. Je m’étais assis sur un banc, j’avais à peine eu le temps d’y poser mon sac et mes tracts, une femme m’était apparue, bientôt rejointe par une autre, c’était comme une chorégraphie, une façon de présenter un spectacle peut-être, comme on le voit à tout moment dans les rues de la ville. Il y avait ces rudimentaires croix en bois autour de leur cou, des croix sans grâce, des croix de la passion du Christ, pas des atours. Ce qu’elles dirent au juste en m’abordant, je ne m’en souviens plus, elles avaient des gestes déliés vers l’église toute proche. L’une tenait un cierge blanc, l’autre une petite bougie dans un bougeoir en plastique, elles m’invitaient à entrer dans l’église, à me recueillir, je crus d’abord que c’était une façon de me présenter un spectacle, une de ces parades un peu folkloriques, un peu mauvais goût, mais non, il s’agissait vraiment de me faire entrer dans l’église.
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La foi mise à l'épreuve
Hier midi j'avais invité une amie à déjeuner. En proie à un certain désarroi moral, elle avait besoin de parler. Sur le coup je n'ai pas eu le sentiment de répondre vraiment à son attente et il m'a fallu toute l'après-midi et la soirée pour décanter notre échange et tenter d'y voir clair. Son interrogation portait essentiellement sur la pertinence du message évangélique. En s'y conformant elle avait l'impression d'être à côté de la plaque, car elle n'en récoltait guère de considération et de reconnaissance. Jésus se serait-il donc fourvoyé en nous laissant ses consignes de vie ? Serions-nous des brebis allant à l'abattoir ? D'ailleurs la courte vie du Maître n'apparaissait-elle pas comme un échec avec sa condamnation et sa mort en croix ?
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Croyant et végétarien
Ces dernières années le végétarisme s'est développé en France. Il y a bien longtemps l'épouse d'un de mes frères l'est devenue pour raison de santé, sur la recommandation de son médecin traitant. Une de mes nièces, encore enfant, faisait de l'équitation. Amoureuse des chevaux, elle fut horrifiée d'apprendre que l'on mangeait de la viande de cheval, autant dire du cannibalisme à ses yeux innocents. Elle commença par en proscrire l'usage chez elle, puis refusa de consommer toute viande en général. Cela ne dura qu'un temps car ses parents mirent finalement le holà. La femme d'un de mes fils, toute gamine, refusa obstinément de manger la viande qu'on lui mettait dans son assiette quand elle réalisa qu'il s'agissait d'animaux que l'on avait tués pour cela. Malgré la pression de ses parents elle tint bon et devint végétarienne à vie. Paradoxalement, car on en vante les vertus nutritives, et pour des raisons de santé la viande peut donc être prohibée en certains cas par des médecins ; mais le plus souvent c'est l'amour des animaux qui motive le choix alimentaire du végétarisme.
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Etre unique dans le cœur d'un autre
La foi chrétienne nous dit que chaque homme, chaque femme, est unique dans le cœur de Dieu. Difficile à concevoir à notre échelle humaine. Cependant, à notre niveau nous pouvons nous concevoir comme unique dans le cœur d'un autre. Enfant je faisais partie d'une fratrie de neuf garçons et filles, le quatrième du lot, pas forcément la meilleure place, pas le premier comme notre sœur aînée, ni le dernier comme notre plus jeune sœur. Maman nous aimait tous autant et je pense que nous étions tous unique à ses yeux et dans son cœur, avec notre tempérament propre, nos qualités et nos défauts. Mais, petit bonhomme de 4 ou 5 ans, il m'arrivait parfois de me retrouver seul avec elle. Tandis qu'elle repassait le linge au fer chauffé sur la cuisinière au charbon et à la patte-mouille d'où sortait une vapeur odorante. J'étais aux anges. Je l'avais pour moi tout seul. Le cœur en fête, installé sur le carrelage fraîchement lavé, sentant encore le savon noir, reposant sur les genoux ou sur les fesses, je faisais la toupie en me propulsant des deux mains sur le sol. Expérience ineffable, toute subjective au demeurant, d'être, à ce moment précis, l'unique dans le cœur de maman, de l'avoir rien que pour moi. Trente ans plus tard, ce fut la déclaration d'amour reçue de celle qui allait devenir ma femme qui me fit éprouver le même sentiment d'être unique dans son cœur : « Je t'aime, je t'aime d'amour ! » m'écrivit-elle. Et notre amour ne s'est jamais démenti.
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Sommes-nous propriétaires ou gérants de nos biens ?
Après quatre années de mariage nous avons eu la chance d'acquérir un vieux corps de ferme délabré avec un grand terrain de 60 m sur 14 m. Au fil des ans le domicile s'est considérablement amélioré, d'où de nombreux crédits encore en cours, sans être luxueux pour autant. Le terrain, discipliné et embelli, a été partagé entre potager et pelouses avec un beau chalet en bois sous les ombrages d'un sorbier. Enchantée, ma petite-fille l'avait baptisé ''la maison de Heidi''. Hélas, depuis le décès de mon épouse, le potager et les allées des pelouses sont tombés en friche faute de temps et d'énergie pour les entretenir convenablement. Cet état de fait me désolait car, si j'étais bel et bien propriétaire de ce bien, je m'en sentais surtout le gérant responsable, l'intendant devant en rendre compte. Ma foi n'était pas étrangère à ce sentiment. Fort heureusement, depuis deux mois, une amie férue de jardinage et cherchant un appoint financier l'a pris en charge et il commence maintenant à retrouver figure humaine, si l'on peut dire. Quelle place cette préoccupation, ainsi que mon rapport à l'argent et plus généralement à toute propriété, tient-elle dans ma conception religieuse du monde pour que je sois amené à en rendre compte aujourd'hui dans ce blog ?