Delphine Horvilleur, rabbine du judaïsme libéral – ''Vivre avec nos morts'' p.28-29
« La laïcité française n'oppose pas la foi à l'incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu'il est mort ou inventé. Elle n'a rien à voir avec cela. Elle n'est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide, ni sur celle qu'il est habité, mais sur la défense d'une terre toujours pleine, la conscience qu'il y reste toujours une place pour une croyance qui n'est pas la nôtre. La laïcité dit que l'espace de nos vies n'est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l'espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu'il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d'un autre venu y respirer. »
Mon commentaire
Cette conception d'une laïcité ouverte me plaît beaucoup. Elle permet d'instaurer un dialogue authentique, libre et franc, entre tous. Dialogue œcuménique entre chrétiens de confessions diverses, catholiques, orthodoxes et protestants, dialogue interreligieux entre croyants de religions diverses, juifs, chrétiens et musulmans ou autres, dialogue entre croyants et non-croyants.
Personne ne peut prétendre avoir le monopole de la Vérité avec un grand V. Cette conception d'une laïcité ouverte est la base d'une fraternité universelle où chacun respecte les convictions des autres dans la mesure où elles ne portent pas atteinte aux valeurs humaines universelles. Elle permet aussi, sans faire de prosélytisme mais sans renoncer pour autant à nos propres convictions, de se laisser interroger, de les approfondir et au besoin de mieux les ajuster à notre environnement social, et pourquoi pas de les modifier en connaissance de cause.