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Etre unique dans le cœur d'un autre

La foi chrétienne nous dit que chaque homme, chaque femme, est unique dans le cœur de Dieu. Difficile à concevoir à notre échelle humaine. Cependant, à notre niveau nous pouvons nous concevoir comme unique dans le cœur d'un autre. Enfant je faisais partie d'une fratrie de neuf garçons et filles, le quatrième du lot, pas forcément la meilleure place, pas le premier comme notre sœur aînée, ni le dernier comme notre plus jeune sœur. Maman nous aimait tous autant et je pense que nous étions tous unique à ses yeux et dans son cœur, avec notre tempérament propre, nos qualités et nos défauts. Mais, petit bonhomme de 4 ou 5 ans, il m'arrivait parfois de me retrouver seul avec elle. Tandis qu'elle repassait le linge au fer chauffé sur la cuisinière au charbon et à la patte-mouille d'où sortait une vapeur odorante. J'étais aux anges. Je l'avais pour moi tout seul. Le cœur en fête, installé sur le carrelage fraîchement lavé, sentant encore le savon noir, reposant sur les genoux ou sur les fesses, je faisais la toupie en me propulsant des deux mains sur le sol. Expérience ineffable, toute subjective au demeurant, d'être, à ce moment précis, l'unique dans le cœur de maman, de l'avoir rien que pour moi. Trente ans plus tard, ce fut la déclaration d'amour reçue de celle qui allait devenir ma femme qui me fit éprouver le même sentiment d'être unique dans son cœur : « Je t'aime, je t'aime d'amour ! » m'écrivit-elle. Et notre amour ne s'est jamais démenti.

Ce sont ces deux expériences qui purent me donner une idée de ce que cela pouvait signifier être unique dans le cœur de Dieu. Dans les deux cas j'étais l'unique. Amour maternel partagé avec mes frères et sœurs, mais pas diminué pour autant par ce partage. L'amour n'est pas un gâteau dont chaque part est d'autant plus réduite qu'il est partagé entre un plus grand nombre. C'est plutôt à l'image de la multiplication des pains dans les évangiles. Il n'y a que quelques pains au point de départ, mais chaque personne de la multitude reçoit une part généreuse et on remplit encore des corbeilles avec les restes pour les distribuer à d'autres. Quant à l'amour de ma bien-aimée, bien sûr, en tant qu'amant, j'étais unique dans son cœur, mais il y avait aussi de la place pour d'autres qui se savaient être unique pour elle, nos enfants en premier lieu, les membres de sa famille, et toutes les personnes qu'elle était amenées à soutenir et à accompagner. En la matière, l'amitié comme l'amour peuvent se démultiplier et se partager à l'infini sans que la part de chacun en soit amoindrie.

L'amour est une réalité tangible qui s'exprime dans les regards, les bisous, les câlins, les gestes et les moments passés ensemble, mais c'est aussi une réalité immatérielle et spirituelle qui augmente au lieu de diminuer quand il est partagé. Plus on aime et plus on est en capacité d'aimer. C'est une réalité non mesurable, ne pouvant pas se mettre en équation. Cette réalité humaine peut nous donner un aperçu de ce que peut être l'amour d'un Dieu-Père, dont le cœur est à la dimension de l'humanité, mais qui cependant s'attache à chaque être humain comme quelqu'un d'unique à ses yeux. La foi peut nous faire éprouver ce sentiment d'être unique dans son cœur. Dieu ne se prouve pas mais il peut s'éprouver à qui s'ouvre à sa présence.

 

 

 

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