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La foi mise à l'épreuve

Hier midi j'avais invité une amie à déjeuner. En proie à un certain désarroi moral, elle avait besoin de parler. Sur le coup je n'ai pas eu le sentiment de répondre vraiment à son attente et il m'a fallu toute l'après-midi et la soirée pour décanter notre échange et tenter d'y voir clair. Son interrogation portait essentiellement sur la pertinence du message évangélique. En s'y conformant elle avait l'impression d'être à côté de la plaque, car elle n'en récoltait guère de considération et de reconnaissance. Jésus se serait-il donc fourvoyé en nous laissant ses consignes de vie ? Serions-nous des brebis allant à l'abattoir ? D'ailleurs la courte vie du Maître n'apparaissait-elle pas comme un échec avec sa condamnation et sa mort en croix ?

Ses disciples ont rattrapé le coup avec la Résurrection, (mythe ou réalité, question à creuser...), ensuite est venue l'Eglise avec tous ses errements, ses imperfections et la distance prise avec l'Evangile. Et nous, chrétiens de base dans tout ça ? Encore faut-il croire en cette Résurrection de Jésus, qui l'a fait ''Christ et Seigneur''. Croire, parce que notre raison et notre savoir humain s'inscrivent en faux contre la notion de ''résurrection de la chair'', celle de Jésus en premier lieu, et une quelconque autre vie au-delà de la décomposition de notre corps, ''vérités'' proclamées dans le Credo, la confession de foi définie aux conciles de Nicée-Constantinople.

Toutefois, même si on ne croit pas en un retour à une vie corporelle de Jésus après sa mort, il faut bien admettre que son esprit, de fait ou dans le ressenti de ses disciples, a continué à les animer et leur a donné l'intelligence et la force nécessaires à la diffusion son enseignement dans tout l'empire romain, en affrontant les persécutions et le martyre. Comment expliquer autrement leur transformation radicale ? Ce peut être pour nous un signe qu'il y a quand même ''quelque chose'' qui nous dépasse dans le message chrétien et les consignes du Maître, et que la mission qu'il s'était donnée ou qu'il avait reçue n'était pas vaine en fin de compte.

L'évangile a marqué la civilisation occidentale et il a inspiré bien des avancées humaines : promotion de la femme (plus dans la société que dans l'Eglise elle-même, paradoxalement), attention aux malades, aux prisonniers, aux enfants, aux délaissés... et la société a pris le relais (la sécularisation et la laïcité qui sont de bonnes choses en soi). Même si la mort du Christ peut apparaître comme un échec, son message s'est donc révélé productif. Pour autant ceux et celles qui s'y conforment n'en reçoivent pas nécessairement la reconnaissance qu'ils seraient en droit d'en attendre, même s'ils ne le font pas dans cette intention. A cela on peut répondre à la suite de Jésus : ''Le disciple n'est pas plus grand que le Maître, s'ils ont persécuté le Maître, les disciples doivent s'y attendre à leur tour.'' (Jean 15, 20) Ce qui est le plus pénible c'est lorsque les attaques viennent des proches dans la foi, mais là aussi les évangiles en témoignent. Piètre consolation pourrait-on dire.

Un proche, qui n'est pas croyant mais qui a un idéal humaniste, sans croire en un au-delà, ne trouve pas l'existence absurde pour autant. Il considère que ce qu'il aura fait ici-bas par son travail professionnel, sa créativité artistique, et les nombreux liens tissés d'année en année, constitue un apport à la construction d'une humanité dont il ne désespère pas, malgré toutes ses déviances. C'est aussi ce que je me dis, dans le cas où ma foi en la survie de Jésus en nous et une survie dans l'au-delà seraient illusoires. Il ne s'agit pas ici de moraliser et d'appliquer un baume pour apaiser un désarroi bien compréhensible. C'est une tentative de réponse que j'espère honnête à des questions que nous nous posons. La nature m'a fait résolument positif et indécrottablement confiant en l'homme, envers et contre tout, cela m'aide à vivre et j'en remercie le ciel... ou ma bonne étoile !

Si l'on peut tuer des hommes, l'histoire montre qu'on ne supprime pas pour autant les idées pour lesquelles ils sont morts. On ne tue pas des idées et les utopies ont la vie dure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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