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Veillée d'armes avant le passage

Un peu d'histoire concernant la chevalerie dans Wikipédia...

« Au 12e siècle, les adoubements sont souvent précédés d'une veillée d'armes dans une chapelle. Le futur chevalier doit entendre la messe et communier. Ses armes lui sont remises après avoir été bénies par un ecclésiastique. L'Église tente peu à peu d'imposer à l'idéal chevaleresque des valeurs religieuses. » Par la suite cette expression s'est appliquée à des veilles d'importants faits d'armes, campagnes ou batailles, préparés dans le détail. Ensuite, plus largement, elle présidait à tout événement de la vie, important voire décisif, nécessitant préparation, attention et concentration d'esprit. C'est ainsi qu'au moment de partager le mini-journal qui suit, préparation et conclusion d'une ultime visite à une de mes sœurs en fin de vie, cette expression m'est venue à l'esprit pour rendre compte de l'importance de cette démarche et de l'impact que j'en ai ressenti.

Jeudi 4 juin 2020

Demain, vendredi après-midi, mon fils aîné, nous conduit, un de ses frères et moi, en Touraine visiter, à sa demande, une de mes sœurs en fin de vie, rongée par un cancer irrémissible. Nous en reviendrons dimanche soir. Ce n'est pas sans rappeler, pour ceux qui ont lu mon autobiographie, ''Le chèvrefeuille et le coudrier'', la fin de vie de mon grand amour, Cécile, il y a bientôt 15 ans. Chacun sait que la mort est inéluctable. Elle fait partie de la vie. Les pierres, elles, ne meurent pas... Il n'empêche, il est des fins plus douloureuses et déchirantes que d'autres. Cependant ma ''petite sœur'', 83 ans dans un mois, ma suivante dans la fratrie, est très entourée par ses deux filles et leurs enfants qui demeurent à proximité. En outre elle aura le bonheur de revoir un autre de nos frères qui la suit dans la fratrie. Ce week-end, il va remonter des Pyrénées-Orientales avec son épouse et passera une semaine avec elle. Malheureusement nous ne le verrons pas car il doit arriver le dimanche soir alors que nous nous mettrons en route dans l'après-midi pour rejoindre le Nord. Notre sœur, Marie-Lucie, n'est même pas soignée contre le cancer car la chimio la rendrait, inutilement, encore plus malade qu'elle ne l'est déjà. Elle est traitée uniquement contre la douleur. Le ciel et les soignants fassent qu'elle souffre le moins possible !

Vendredi 5 juin 2020

Nous nous mettons en route vers midi et demie. J'ai bien prié ce matin, lu des psaumes et cherché dans un vieux missel les prières pour accompagner les malades qui arrivent en fin de vie. Marie-Lucie était très croyante. Elle a même fait partie, dans sa paroisse, d'une équipe de laïcs qui accompagnait les familles en deuil. Mais elle a déménagé en Touraine où la communauté chrétienne ne la connaît pas, et personne pour l'accompagner à son tour. J'espère pouvoir trouver l'opportunité de prier un moment avec elle, comme son frère très attaché à elle et comme ''l'homme de Dieu'' que je suis toujours resté au fond de moi, même si j'ai quitté un jour le clergé pour répondre à l'appel d'un autre amour, complémentaire de celui de Dieu... Qu'elle se remette au Père, dans une paix confiante, malgré la souffrance physique et morale et l'angoisse de l'au-delà

Sur mon lien avec Marie-Lucie, voir page 151, 1er §, dans ''Le chèvrefeuille et le coudrier''

Lundi 8 mai 2020

Retour à la maison hier soir vers 20 h.30, fatigué mais très heureux de ce court séjour en Touraine. J'ai revu avec joie Marie-Lucie. D'emblée elle nous a déclaré qu'elle se préparait à son départ et qu'elle avait fait la paix avec tous ceux et celles avec qui elle avait vécu quelque tension. Elle ne désire pas voir un prêtre : s'entretenir avec son grand frère qui la connaît et à qui elle peut se confier sans détour lui suffit. J'ai donc laissé de côté mon missel et les prières recommandées en de telles circonstances, et nous avons parlé, tout simplement. Elle ne souhaite pas recevoir ''l'extrême onction'' qui est, en fait, le ''sacrement des malades'' pour demander la guérison, peu probable dans son cas. Le dernier geste de l'Eglise envers les mourants - peu connu - n'est donc pas la mal nommée ''extrême onction'' mais plutôt le ''viatique'' qui est la dernière communion avant de mourir, dans la mesure où la personne qui nous quitte peut encore avaler l'hostie, signe de l'union à Dieu.

Marie-Lucie, quant à elle, ne mange pratiquement plus, inappétence totale. Elle est descendue à 34 kgs et s'éteint tout doucement. Croyante, elle s'adresse directement à Dieu, mais elle ne ''consomme'' la prière qu''avec modération'' ! Elle n'est pas une ''folle de Dieu'' comme dirait mon aîné (voir une note dans mon blog et une de mes poésies). Par ailleurs, elle n'est pas révoltée contre son sort et n'en veut pas à quiconque. Simplement elle aimerait ne plus souffrir, bien que, courageusement, elle ne nous accable pas de ses plaintes. Très émue et reconnaissante de nous avoir revus elle s'est plongée plus d'une fois dans ses photos-souvenirs en les commentant avec humour (c'est dans nos gènes). Et au diable les ''gestes barrières'' en de telles circonstances : nous nous sommes embrassés comme du bon pain en nous quittant, nous disant l'un à l'autre - moment de vérité - que ce serait sans doute la dernière fois.

« Sur le seuil de sa maison, notre Père t'attend, et les bras de Dieu s'ouvriront pour toi - Quand viendra le dernier jour, à l'appel du Seigneur, tu te lèveras et tu marcheras. - L'eau qui t'a donné la vie lavera ton regard, et tes yeux verront le salut de Dieu. - Comme à ton premier matin, brillera le soleil, et tu entreras dans la joie de Dieu. - Quand les portes de la vie s'ouvriront devant nous, dans la paix de Dieu, nous te reverrons. »

(chant des funérailles religieuses, que Marie-Lucie connaît bien et qu'elle peut fredonner en priant)

A Dieu, ma petite sœur ! Nous t'aimons tous ! Jean

 

 

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