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Et après cette vie ?

Un ami m'a écrit : « Je voudrais te poser une question au sujet de la religion protestante : y a-t-il, comme dans la religion catholique, l’existence du paradis, des limbes, du purgatoire et de l’enfer (l’enfer étant la damnation éternelle, c’est-à-dire l’atroce souffrance éternelle, analogue à celle d’être brûlé vif sans fin) ? Cette question en présuppose une autre ; notre existence se poursuit-elle au-delà de notre mort physique ? Cet ami est médecin et son fils s'est donné la mort il y a huit ans. Sa question est-elle purement intellectuelle, ou, plus profondément, n'est-elle pas plutôt existentielle, traduisant une angoisse et une profonde espérance : le retrouver un jour, où ? Quand ? Comment ?

Dans un premier temps, j'ai voulu lui répondre objectivement, en consultant ''Un catéchisme protestant'' d'Antoine Nouis (Réveil Publications 1997). Etant encore relativement novice dans le protestantisme réformé auquel j'ai adhéré il y aura bientôt neuf ans, je préfère m'appuyer sur un ouvrage qui, pour nous, fait autorité. Des fondamentalistes aux libéraux, le protestantisme est protéiforme. Pour ma part je suis à l'aise dans le protestantisme réformé de tendance libérale, et c'est dans ce cadre que je puis répondre.

Première constatation, l'auteur ne dit rien de ce que sera l'au-delà. Comment d'ailleurs le pourrait-il en dehors de cette croyance en un au-delà ? Le protestantisme est apparu au 16ème siècle, prenant ses distances avec le catholicisme romain, mais il n'a pas renié la foi chrétienne définie par les dogmes qui ont précédé. Le recueil de cantiques ''Alleluia'', à l'usage du culte protestant, contient le Symbole des Apôtres, le ''Je crois en Dieu'' proclamé au cours de chaque messe catholique. Mais, pour être honnête, je dois dire que, pour un certain nombre de raisons, il n'est plus guère utilisé dans nos Saintes Cènes. Le dogme de la Trinité pose question un seul Dieu, oui, mais en trois personnes ? Que penser de la virginité de la mère de Jésus, alors que les évangiles mentionnent ses quatre frères et ses sœurs ? Mais j'en viens à mon propos : comment concevoir la ''résurrection de la chair'' ?

A vrai dire et pour être honnête avec moi-même et avec mes interlocuteurs, je ne crois pas en la résurrection ''de la chair''. Bien entendu, dès mon jeune âge, mes initiateurs dans la foi chrétienne m'ont expliqué que, dans l'au-delà, nous hériterions d'un ''corps glorieux'', d'un ''corps spirituel'' ? Qu'est-ce à dire ? Enfant j'ai avalé tout cela de bonne foi (c'est le cas de le dire) et je m'en suis contenté par la suite sans trop me poser de questions. Cependant il y avait antinomie dans les termes. Un corps ne peut être que corporel, soumis à l'investigation sensorielle, et un esprit ne peut être que spirituel par nature, inaccessible à nos perceptions sensorielles.

Les textes d'Ecriture parlent cependant de résurrection. Dans les évangiles , Jésus déclare : ''Le Fils de l'Homme – c'est ainsi qu'il se désigne – sera livré aux païens et sera un objet de moqueries ; il sera insulté et couvert de crachats. Et après l'avoir flagellé ils le tueront ; mais le troisième jour il ressuscitera'' (Luc 18, 32-33). Plus loin dans son récit, l'évangéliste mentionne la présence de fidèles au ''Paradis'' : ''Aujourd'hui même tu seras avec moi au Paradis'' (Luc 23, 43) Cependant les évangiles n'utilisent pas l'expression ''résurrection de la chair''. Ils ne parlent pas non plus de limbes et de purgatoire, et encore moins d'indulgences qui seraient des remises temporelles de peines dans notre séjour au purgatoire. Y aurait-il une dimension temporelle dans l'au-delà ? Le problème dans les premiers siècles de l'Eglise, c'est la volonté des ''Pères de l'Eglise'', les premiers pasteurs et théologiens, de vouloir expliquer et intellectualiser le message de Jésus et des fondateurs du christianisme, afin d'en préserver l'intégrité, puis de fixer solennellement ces explications et définitions dans des ''dogmes'' qui ont pris le pas sur le message d'amour originel du Nazaréen. Ils ont ainsi engagé la foi et la pratique religieuse de tous ceux qui les ont suivis dans l'Eglise.

Pour répondre à la question qui m'a été posée, concrètement, quelle est la position du protestantisme en la matière ? Tout d'abord, il n'y a pas UN protestantisme qui serait monolithique et parlerait d'une seule voix, pas de pensée unique dans le protestantisme, mais la liberté de conscience. Il existe DES familles protestantes qui vont de l'interprétation littéraliste et de la vision fondamentaliste des évangélistes américains allant jusqu'à nier la théorie de l'évolution, le darwinisme, jusqu'au protestantisme libéral auquel j'adhère sans réserve, qui prône l'exégèse historico-critique de la bible, soumise ainsi aux critères des sciences humaines, comme n'importe quel écrit. Dans cette perspective on se refuse à une interprétation mot à mot des Saintes Ecritures. Ainsi les récits des apparitions de Jésus revenu à la vie après sa mort, sont à comprendre dans une perspective catéchétique et symbolique pour exposer dans le langage et avec les moyens littéraires et philosophiques du premier siècle en monde grec, la transformation opérée par Jésus de Nazareth à l'intérieur du judaïsme de son époque.

Les récits de la résurrection de Jésus de Nazareth et des apparitions à ses disciples sont une manière d'expliquer l'extraordinaire transformation de ces mêmes disciples. Timorés lors de son arrestation, de son procès et de son exécution, ils sont devenus soudain audacieux et ont propagé partout l'évangile de leur Maître sans craindre les persécutions et encourant la mort à sa suite. Comment en effet expliquer un tel changement, aussi radical en n'ayant à disposition que la culture juive au point de départ, puis la culture grecque dans la période de l'expansion missionnaire en Asie mineure ?

Pour ma part, je crois qu'après sa mort, Jésus est devenu plus vivant que jamais dans le cœur de ses disciples, que, mystérieusement, il leur a insufflé sa vision des choses et le courage d'y rester fidèle jusqu'au bout. De ''Jésus'', forme latine de Yeshua, son nom d'origine, il est devenu ''le Seigneur Jésus-Christ'', et de fils adoptif bien-aimé du Père, il est devenu son Fils par nature et son égal : « Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ; engendré non pas créé, de même nature que le Père et par lui tout a été fait. » (extrait du Credo du Concile de Nicée-Constantinople), Cette recherche théologique, tâtonnante au cours des premiers siècles de l'Eglise s'est progressivement imposée comme définition dogmatique, héritée par Luther et Calvin quand ils ont fondé le protestantisme.

Cependant ces affirmations sont sérieusement remises en question par nombre de protestants libéraux, dont je suis. Sola scriptura et sola fide : la foi seule, basée sur l'Ecriture Sainte et non pas formatée par les dogmes qui ont suivi, même s'ils ont été solennellement définis comme articles de foi. Quant à l'enfer, je n'y crois pas si Dieu est Dieu, infiniment compatissant à tous les égarés, et pour ce qui est du purgatoire et des limbes ce ne sont que des hypothèses théologiques et non des articles de foi.

Pour reprendre la question du début : qu'y a-t-il après cette vie ?, je n'en sais rien, quelque chose j'espère bien. Sous quelle forme ? On verra quand notre jour viendra ''de passer du monde au Père'' à la suite de Jésus, notre Seigneur... En attendant il nous faut bien vivre, et vivre bien autant que faire se peut,... avec ces questions !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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