Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le ''péché'' dans nos vies

S'il est une pratique tombée en désuétude dans le catholicisme de nos régions, c'est bien la confession dite ''auriculaire'', murmurée de bouche à oreille dans le secret d'un confessionnal, à genoux, à peine audible (je parle par expérience) aveu fait à un prêtre, connu ou inconnu, à travers une grille préservant l'anonymat du pénitent et du confesseur, pratique du catholicisme, ignorée du protestantisme. Il existe bien encore des confessionnaux dans les églises mais ils ne sont plus là que comme éléments du décor, objets de curiosité, organes témoins d'un autre temps... Serait-ce que le péché soit passé de mode ?

Le péché, des actes ou un état d'imperfection ?

Cependant la notion de péché est bien présente dans la liturgie chrétienne, quelle que soit la ''confession'', c'est-à-dire l'appartenance à telle ou telle Eglise, catholique, orthodoxe ou protestante. La situation de pécheur est très présente dans les écrits bibliques notamment dans le psaume 51 qui fait référence en la matière. Dans le déroulement de la messe ou du culte, à la lumière des saintes écriture et de la ''confession'' de foi, il y a la mention de notre ou de nos péchés, demande de pardon et action de grâce pour l'accueil du Père quoi que nous ayons fait. ''Notre'' péché ou ''nos'' péchés, voilà qui introduit une nuance de taille. Je reconnais avoir commis des actes qualifiés de ''péchés'', des actes ''peccamineux'', ou bien je reconnais ma condition de pécheur, d'être imparfait de nature. Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, l'apôtre Paul disait : « Je ne réalise pas le bien que je voudrais faire, mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire. » Aveu très éclairant et toujours actuel, qui s'applique à chacun d'entre nous.

Ce texte laisse à penser que ''le péché'' dans nos vies, ce sont des actes dont nous sommes les auteurs, que nous avons commis en connaissance de cause, et dont nous devons rendre compte. Cependant, par ailleurs, il suggère que nous ne sommes pas pleinement responsables de ces actes mauvais, que cela se fait contre notre volonté profonde, comme poussés par un esprit malin, que nous ne nommons plus guère de nos jours et qui a nom Satan (le tentateur), ou le diable, le ''grappin'', celui qui vous met la main dessus pour vous faire chuter, dans le langage imagé de Jean-Marie Vianney, le pauvre et saint curé d'Ars. Le péché c'est alors le fait de ne pas pouvoir ou de ne pas vouloir résister à l'attrait du mal.

Il est souvent difficile de déterminer où et quand, comment et pourquoi, nous avions mal agi, mais aussi quelle en était la gravité. Car enfin, que je sache, il n'y avait pas eu mort d'homme dans ces ''péchés'' que nous avons commis. Et c'est sans doute de cette prise de conscience qu'est venue la désaffection de la confession. Historiquement, la confession avouée ou reconnue par l'entourage était ''publique'', crimes, vols manifestes, adultères, que sais-je... Les ''pécheurs publics'' avaient matériellement une place à part dans l'église, écartés de la communion eucharistique, et leur pardon, la ''réconciliation'', était un acte officiel célébré publiquement un dimanche de Carême, avant de fêter Pâques, et non un signe de croix discret dans l'obscurité d'un confessionnal. Le ''péché'' était alors identifié et connu de tous.

Plus tard cette pratique fit place à la ''direction de conscience'', démarche privée et individuelle, et à la ''confession'' que les plus âgés d'entre nous ont connu dans le catholicisme. Jeune prêtre je me souviens que, la première année de mon vicariat, je passais encore des heures au confessionnal le samedi après-midi et notamment la veille de Pâques, à ''entendre en confession'' jeunes et vieux, le plus souvent pour ce que l'on pourrait qualifier de ''peccadilles'' (étymologiquement : petits péchés). Le milieu des années 60 marqua l'abandon de la confession ''auriculaire'' par les fidèles et par les prêtres, au chômage technique : faute de pénitents les confesseurs étaient - comme tels - désœuvrés. Elle fit place à des ''liturgies pénitentielles'' communes, où les fidèles étaient invités à n'avouer qu'un seul ''péché'' à l'un des prêtres présents, comme signe de leur état de pêcheur.

Quelle responsabilité ?

Ces considérations scripturaires, liturgiques et historiques, posent question. Qui est responsable du péché dans nos vies ? Dans le psaume 51 il est dit : « Quand ma mère m'a conçu j'étais déjà marqué par le péché »  (verset 7). Difficile alors de culpabiliser. Pêcheur, certes, imparfait, faible dans ma volonté de bien faire, résistant difficilement à la facilité, lâche dans mes prises de position ou dans mes silences coupables, tout cela est vrai, mais je suis ainsi, pécheur de nature, telle est la condition humaine, mélange d'élan vers le bien, l'altruisme et la solidarité, et de faiblesse de laisser-aller, plutôt que volonté délibérée de mal faire, encore que...

Je ne suis pas responsable d'être imparfait, mais étant conscient de cette imperfection de nature, je suis responsable de faire en sorte que mes actions aillent ou non à contre courant de cette tendance naturelle. En outre, ne l'oublions pas, notre condition n'est pas dominée par la tendance au mal et à l'indifférence aux autres, elle est aussi et surtout, par nature également, portée au bien et à la fraternité universelle. Quand il eut tout créé, Dieu vit que cela était ''très bon'' (Genèse 1, 31). Une trop grande focalisation sur le ''péché'' nous a fait souvent et longtemps oublier que nous sommes également des êtres de bien, la crise actuelle du Covid 21 nous le montre à l'évidence. Hommes et femmes, nous sommes créés à l'image de Dieu, faits pour aimer et en capacité d'y arriver.

 

 

 

Les commentaires sont fermés.