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Prolonger la vie... pour quoi faire?

Il y a quelques années, suite à une analyse de sang, je me félicitais de mes bons résultats. Mon amie médecin me fit alors remarquer que sans la prise de médicaments journalière, observée depuis des années pour combattre l'hypertension, les choses seraient différentes. J'en ai conclu que, peut-être, je ne serais plus de ce monde... Elle ne m'a pas démenti !

Hier j'ai rendu visite à une parente âgée de 92 ans et demie. Elle ne voit pratiquement plus, ne peut plus lire ni faire de mots croisés, entend difficilement malgré un appareil auditif, se lève péniblement de sa chaise, souffre de confusion mentale, se vieillissant d'une année, oubliant notre venue annoncée pourtant la veille et se trompant d'une semaine sur la visite d'un de ses fils qui vient une fois par semaine lui lire son courrier et y répondre. De plus elle se plaint de son isolement et des longues heures passées dans son petit studio à attendre que le temps passe... je pense à la chanson ''Les vieux'' de Jacques Brel... Sur la table de la cuisine se trouve un pilulier partagé en quatre compartiments : matin, midi, soir, nuit. Là est le secret de sa longévité... vivre encore, mais dans quel but, et pour quoi faire ?

Dans ma jeunesse – j'ai bientôt 84 ans – les médicaments se prenaient durant un temps donné pour guérir une affection ; maintenant, pour beaucoup de personnes plus ou moins âgées, ils sont prescrits sans limite de temps, à titre préventif, non pour guérir mais pour contrecarrer les attaques de maladies qui, normalement, conduiraient la personne à sa fin de vie. Alors la vie peut se prolonger, mais à quelles conditions, quelle vie, et pour quoi faire ?

Toujours dans ma jeunesse, on m'avait enseigné que c'est Dieu qui donnait la vie, moyennant quoi ma mère a subi dix grossesses, non désirées pour la plupart, et mis au monde onze enfants, une ''belle famille''. Vive Dieu, alléluia ! De la même façon c'est Dieu qui était censé décider de notre fin : ''Dieu l'a rappelé à lui'' lit-on encore sur certains faire-part de décès. Depuis, les choses ont évolué. Avec la maîtrise de la fécondité, mon épouse et moi avons décidé du nombre d'enfants que nous voulions mettre au monde et du moment où nous les concevrions. Exit la divinité dans ce processus et vive l'autonomie et la responsabilité parentale. De même l'idée se répand de plus en plus que nous pourrions tout aussi bien décider de nous-mêmes du moment et du moyen d'atteindre notre fin de vie, sans que cela paraisse criminel et attentatoire à l'autorité divine.

Quand la vie physiologique et psychologique se délite, pour nous ou pour des personnes que nous aimons, pourquoi vouloir la prolonger ? De toutes façons elle ne peut se terminer que dans l'anéantissement de la mort, la fin de tout pour certains, le passage à une autre forme d'existence pour d'autres. Pour ma part, même si j'aime dire qu'il me plairait assez de devenir centenaire comme une de mes tantes, je ne conçois pas de terminer ma vie diminué à l'extrême, voire comme un légume. Je n'envisage pas le suicide à proprement parler, un reste de conscience chrétienne en moi, et la doctrine de la non-violence, répugne à l'idée de me donner la mort le moment venu. Il suffirait de me dire : ''C'est bien comme ça''', de préparer concrètement mon départ, d'en informer mes proches, d'arrêter de prendre mes médicaments, ces drogues qui prolongent l'existence, et de laisser la nature finir le travail qu'elle a commencé dès ma conception dans le ventre de ma mère... Remarquez que j'emploie encore le conditionnel car je n'en suis pas encore à ce stade...

Je pense à ces paroles de ''Jean-François Nicot'' chanté par les Compagnons de le Chanson : « Car toute chair est comme l'herbe / Elle est comme la fleur des champs / Épis, fruits mûrs, bouquets et gerbes / Hélas! tout va se desséchant. »

Carpe diem...

 

 

 

 

 

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