" De la plume de Jean Dupont, un livre sur une histoire d'amour peu banale
Aubry-du-Hainaut – Samedi après-midi, au rayon librairie d'Auchan Petite-Forêt, un homme, plutôt âgé, est assis à une petite table, à demi caché par les deux piles du livre qu'il dédicace. Une dame passe, en prend un, le retourne et en lit le résumé. « Ca doit être une jolie histoire » dit-elle en le reposant. « C'est essentiellement une histoire d'amour » lui répond Jean Dupont, l'auteur du livre. Il dit qu'il a eu deux grâces (1) dans sa vie : celle d'être ordonné prêtre, un jour de décembre 1963, et celle, dix ans après, d'épouser Cécile qui lui avait dit qu'elle l'aimait d'amour. Une double fidélité dont il vit toujours aujourd'hui, alors même qu'il est veuf depuis 15 ans, qu'il a 84 ans, qu'il habite Aubry-du-Hainaut et qu'il a trois fils, tous âgés d'une quarantaine d'années. C'est toute une vie.
Forcément le livre est lourd. On commence par picorer ici ou là, on se laisse embarquer à lire trois ou quatre pages, puis davantage. Toute une histoire, celle du monde ouvrier et de l'Eglise, revit, passionnante. Vicaire de paroisse à Loos, aumônier de JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) à Roubaix, Jean Dupont raconte ses rencontres et sa double vocation qui l'a conduit aujourd'hui au protestantisme. Dimanche, il a prêché au temple de Lecelles.
L'amour existe bien – Forcément, il a fallu gagner sa vie. « J'ai travaillé à La Madeleine comme préparateur en voitures d'occasion, ce n'était pas compliqué, il suffisait de les nettoyer ; puis comme magasinier électro-mécanicien. On m'a proposé de travailler dans les grues mais sans trop insister : j'avais le vertige, j'étais vert de trouille ! » Finalement, Jean Dupont sera instituteur en classe de CM1 à Villers-Outréaux (2) jusqu'à sa retraite. Sa marche n'est pas achevée.. Deux phrases lui servent de boussole. L'une est du prophète Amos, dans la Bible : « Cherchez Dieu et vous vivrez» ; l'autre de l'évêque (saint) Augustin : « Tu nous as fait vers toi Seigneur et notre cœur est profondément insatisfait jusqu'à ce qu'il repose en toi. »
Son amour pour Cécile est resté vivace au-delà de la séparation physique. « Notre amour n'était pas mort pour autant... L'amour existe bien... Nous sommes restés mystérieusement unis de cœur et d'esprit... » Inséparablement enlacés comme le coudrier et le chèvrefeuille du célèbre poème de Marie de France, qui a fourni le titre du livre. [''Le Chèvrefeuile et le Coudrier'', 2019, Editions ''Jets d'encre'', 362 pages, 25,30 €] "
Article de Jacques-Hubert M. de P. - correspondant local - paru le 13 février 2020 dans les pages valenciennoises de La Voix du Nord
1 - Une précision sur les deux grâces reçues :
- La première grâce n'est pas exactement d'avoir été ordonné prêtre un certain jour de décembre 1963, mais bien d'avoir perçu progressivement, au cours du printemps 1956, à l'aube de mes 20 ans, un appel intérieur à me consacrer à Dieu, ce qui a abouti à la prêtrise sept ans plus tard.
- La seconde grâce n'est pas exactement notre mariage en décembre 1973, mais d'abord la rencontre de Cécile et la prise de conscience progressive de mon attachement à elle jusqu'à sa brûlante déclaration d'amour en août 1971. Ce qui a amené notre mariage deux ans plus tard.
2 - Parcours enseignant dans le primaire diocésain à Villers-Outréaux, puis à Préseau et Valenciennes, et dans l'enseignement spécialisé à Valenciennes et Anzin durant 14 années avant la retraite.